La chance ! Oui, la chance pour le joueur de saxophone qu’était mon père d’avoir eu la possibilité d’assister au concert de Duke Ellington and His 0rchestra, le 18 octobre 1971 ! C’est bien le tableau qui représente le grand Duke Ellignton qui illustre la septième capsule sur les douzes qui ornent les bouteilles de champagne René Jolly, de la collection 2025 « Hommage à Abel Leblanc » !

Il faut vous dire que c’était un événement extraordinaire pour les Roubaisiens d’avoir une telle personnalité chez eux. Pensez donc, après Paris, Lyon voici …  Duke Ellington, the pianiste et chef d’orchestre de jazz américain à Roubaix !

Beaucoup de Roubaisiens se souviennent encore avec émotion du monde qui se pressait, du bruit important causé par les murmures avant l’entrée en scène des artistes, et même, de l’odeur particulière qui envahissait toute la salle ; une odeur de sueur due à l’excitation de la joie, mélangée et, sans doute, au manque d’aération d’une pièce trop petite pour contenir une telle foule en délire !

Voici « Take Five », le morceau de Jazz le plus écouté au monde, parce que l’on ne pourrait vous présenter cette septième capsule sans vous faire écouter du Jazz, et tant qu’à faire, autant prendre la version de Dave Brubeck Quartet à Paris en 1966 !

Mais au fait, comment est née cette passion pour le Jazz chez notre jeune Abel ? Il faut vous dire que ses parents habitaient rue du Capitaine Aubert, à Roubaix certes, mais à deux pas du Fresnoy à Tourcoing ! Il habitait une grande maison que mes grands-parents avaient fait construire grâce aux dommages de guerre…

Or, avant d’être une école d’art contemporain mondialement connue, Le Fresnoy de Tourcoing était le QG de tous les habitant·es du coin. On y venait y voir un film, un match de catch ou de hockey sur patins, boire un coup, manger un morceau et aussi danser, faire du patin, rencontrer des gens… Bref on y faisait de tout. C’était un lieu populaire tellement plein de vie que son histoire vaut la peine d’être racontée aujourd’hui où l’on vous parle des débuts du Jazz.

Remontons en 1901. Un certain Monsieur Jean Deconinck, alors âgé de 30 ans, décide d’acheter une partie des anciennes écuries du château Descat (11 000m²), démoli pour ouvrir le boulevard Descat. Quatre ans plus tard, en plein boom des endroits pour regarder des films muets, ce Tourquennois décide d’y installer, dans un premier temps, un cinéma en plein air… Et ça fonctionne du tonnerre.

Livre Chritsine Desrousseaux

« Pour éviter les resquilleurs, des croix à la craie sont dessinées sur le dos des spectateurs qui ont payé leur place« , raconte dans son livre Christine Desrousseaux, arrière-petite-fille de Jean Deconinck. 

Rendez-vous au Fresnoy : l’âge d’or

Carte Postale ancienne du Fresnoy

Le Fresnoy ouvre officilelement en 1907, en quelque sorte, un complexe de loisirs avant l’heure. « Le nom de Fresnoy vient d’un petit bois de frênes qui se dressait à cet endroit« , précise Christine. Le cinéma, désormais couvert, peut accueillir 1700 personnes et l’établissement entier en contenir jusqu’à 6 000. On y trouve aussi bien : ciné, resto, bar, piste de danse, piste de patin à roulettes, kiosque à musique, promenoir, manège avec des poneys, marchand de glaces, etc.

Et pour garder ce côté accessible et populaire, il suffit de payer un billet unique à 2,50 francs pour accéder pendant deux heures à absolument tout… y compris les matchs de catch. Pour vous dire, ça se bataillait dans le quartier pour se garer les soirs de combat. On venait y voir le Bourreau de Béthune, le Bateman, José Arnoyo et bien d’autres catcheurs se taper dessus, en sirotant son verre et en hurlant pour son sportif préféré. Ils faisaient la même chose pour le hockey sur patins, dont l’équipe du Fresnoy était championne de France ! Et bien sûr, l’autre rendez-vous important du Fresnoy, c’était les bals . « Beaucoup de couples se sont formés au Fresnoy !« , assure Michèle Vibert, la Directrice Com’ du lieu, devenu une école d’art contemporain en 1997. Jeunes et moins jeunes se déhanchaient sur la piste de danse, notamment le dimanche, pour se retrouver et rencontrer des nouvelles personnes (sans avoir besoin de Tinder !). Par contre, attention, l’excès n’était pas toléré par Jean. On pouvait faire la bringue , bras dessus bras dessous, mais si ça dégénérait, c’était : « dehors ! ». Ce qui n’empêchait pas l’entrepreneur d’être très apprécié.

« À la fin des années 30, Jean achète même une couveuse, 30 000 œufs de poule et offre à chaque client, à l’occasion des fêtes de Pâques, un poussin vivant. Son secrétaire, Daniel Versavel met même un lit près de la couveuse au cas où il y aurait une panne de courant. Quelques mois plus tard, des coqs chantent haut et fort dans tout le quartier !« , raconte en souriant son arrière-petite-fille.  

Une chanson, composée par Henri Loridan, conseiller municipal de Tourcoing (et chansonnier poète) lui est même dédiée. Son titre ? : « Rendez-vous au Fresnoy ! ».  

Et puis, il y a eu la guerre… les 2 guerres mondiales même ! et leur occupation allemande.
Alors bien sûr, l’ambiance n’était plus la même. Le Fresnoy était à l’arrêt, occupé par les Allemands. Pendant celle de 14-18, une partie de l’établissement fut même détruite.

En 1940, le lieu est réquisitionné et les soldats ennemis y entreposent des produits sanitaires et y logent. Les les dégâts sont monstrueux : le parquet de danse est brisé, les installations électriques sont arrachées, le piano à queue a disparu et les patins à roulettes sont volés… « Plus personne n’allait danser dans les grandes salles du Fresnoy occupées par les forces allemandes. À la place des chansons et des rires, on n’entendait plus que des ordres secs avec, comme écho, des bottes claquant sur le parquet« , poursuit Christine.

Bref, bien des ennuis auront raison du Fresnoy qui ferme en 1943 et, par la suite, c’est la descendance de Jean qui prend le relais, pour gérer le Fresnoy et le Colisée (car c’est aussi lui qui a créé le Colisée). La vie reprend tout doucement son cours après guerre, mais les années passent et l’endroit perd son succès. En 1977, le clap de fin pour ce chaleureux établissement retentit.

1977 : Clap de fin

Bref, 1977 signant le clap de fin pour un endroit qui a fait vivre Tourcoing et ses environs, ce n’est que vingt ans plus tard, que Le Fresnoy deviendra le Studio national des arts contemporains que l’on connaît aujourd’hui. Ce qui n’empêche pas au Fresnoy d’origine de refaire surface de temps en temps. En 2005, pour ses 100 ans, l’école a même organisé un grand bal. « On a retrouvé des gens des générations précédentes. On a fait un ring aussi et les gens pouvaient venir avec leur sac de couchage« , raconte la Directrice Com’ de l’école. « Ce lieu appartenait vraiment à la population. » Reste à savoir si un autre événement flashback est prévu bientôt pour les 120 ans du Fresnoy. Affaire à suivre…

Souvenir de famille

Vous vous souvenez du petit Claude, au mariage d’Abel et Gisèle, en 1941 ? Petit, en 1941… mais 1m80 depuis longtemps, tout de même ! Eh bien, j’ai interrogé ce cousin. Adolescent, celui-ci suivait des cours de musique classique chez Monsieur Lerouge, au Blanc Seau. Il entend encore son oncle lui dire : « Mais enfin, Claude, il n’y a pas que la musique classique, il y a aussi le Jazz ! »

C’est ainsi que notre Claude se mit à écouter du Jazz ; Ou çà ? mais dans la cabine d’écoute du disquaire de la Grand’Rue à Roubaix. Il découvrit ainsi Sydney Bechet, Ray Charles, et… Duke Ellington. Il se mit donc à aimer cette nouvelle sorte de musique venue tout droit des States !

Surprise-Party d’adolescents – Archives de l’ INA

Dès ce moment-là, on ne compta plus les Surprises_Parties au 35 rue du capitaine Aubert, à Roubaix. Tout était prétexte à faire la fête ; on roulait les tapis ; Jean, l’ainé, jouait du Saxo, et Annie, sa copine, Alain, Francine, Fraçoise, toute la bande de frères et soeurs, cousins, cousines, se mettaient à tournoyer gaiement !

« Et la peinture, dans tout ça ? » me direz-vous

Notre artiste-peintre avait plus d’une corde à son arc et était saxophoniste et peintre à la fois ! Mais les impondérables de la vie, notamment le fait que ma mère qui venait d’avoir un bébé, nécessitait l’absence de bruit, lui ont fait arréter net le saxo au profit de la peinture ! Et ce n’est que beaucoup plus tard qu’il repris le saxophone, grâce surtout à La Brigade des Tubes dont il fut le doyen des embrigadés !

Abel Leblanc joue du saxo sur la Place de Roubaix – La Voix du Nord Photo Alain Cadet

Et, naturellement, il a immortalisé ses joyeux copains, nous laissant ce :merveilleux tableau où on reconnait bien notre ami, Yvon Spriet, au premier plan !

Abel Leblanc peint d’après ses croquis pris sur le vif : « La Brigade des Tubes »
Abel Leblanc Tableau « La Brigade des Tubes »

C’est ainsi que la septième capsule trouve bien sa place parmi les quelques toiles choisies pour représenter la série 2025 de 12 oeuvres « Hommage à Abel Leblanc » !

FIN

cette foule revétement neuf des sièges !

Mon cousin Claude interrogé (vous vous souvenez le petit Caude, dans l’article sur la capsule Lille, au mariage dAbel et Gisèle, ce petit Claude qui mesure tout de même 1m88 maintenant !) eh bien Claude qui avait suivi des cours de musique avec Mr Lerouge au Blanc Seau, entend encore mon père dire à cet adolecent passionné de Mozart et Beethoven : « Mais enfin, Claude, il n’y a pas que la musique classique dans la vie, il y a le jazz ! ».

C’est ainsi que notre Claude découvrit le Jazz, Sydney Bechet, Chuck Berry … et Duke Ellington, pianiste et chef d’orchestre de jazz américain.

Mes grand-Parents habitant rue du Captaine Aubert, à Roubaix mais à deux pas du Fresnoy à Tourcoing, il n’est pas difficile d’imaginer la suite. Le Fresnoy avait été créé en 1901 par Mr Deconick, un jeune trentenaire visionaire qui avait racheté une partie des anciennes écuries du château Descat (11 000m²) démoli pour ouvrir le boulevard Descat et avait décidé d’en faire un lieu d’amusement pour les ouvriers, un lieu populare plein de vie, en quelque sorte, un complexe de loisirs avant l’heure ! Il devint rapidement le QG de tous les habitant·es du coin.amment connu pour son dancing de fin de semaine avec ses fameux bals où, vous vous en doutez, le Jazz battait son plein ! pianiste et chef d’orchestre de jazz américainpianiste et chef d’orchestre de jazz américain pianiste et chef d’orchestre de jazz américainpianiste et chef d’orchestre de jazz américain, car avant d’être une école d’art contemporain mondialement connue, Le Fresnoy de TourcoingOn y venait mater un film, un match de catch ou de hockey sur patins, boire un coup, grailler un morceau mais aussi danser, faire du patin, rencontrer des gens.

fresnoyConstruit en 1905, le Fresnoy était un complexe de divertissements populaires : cinéma de 1000 places, piscine transformée en manège


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