Abel Leblanc Le Phonographe 4/12

Pour cette quatrième capsule, Le Phonographe, je vous emmène à Loches-sur-Ource, dans la maison familiale d’été et surtout dans l’histoire étonnante de son acquisition. C’est une belle histoire, qui plus est, une histoire qui se termine bien, mais je n’en dis pas plus !

Replaçons-nous à l’époque où ma mère, une Fortier-Maire de naissance, ayant passé de longs moments à Loches dans son enfance chez ses grands-parents, n’avait de cesse, une fois mariée, de profiter de ses vacances d’été pour retrouver son charmant village.

Abel Leblanc « Chez Madame Portault »

C’est ainsi que mes parents — tous deux enseignants — louèrent une petite maison à l’arrière de chez le Père Truchelu. Elle était si exiguë que mon grand frère Bernard allait dormir en face, chez Madame Portault !

Abel Leblanc – « Bernard met la table » 1951

J’en viens à l’histoire en elle-même : avec la naissance de mon petit frère Olivier, en 1952, mes parents désiraient plus que jamais devenir propriétaires à Loches , mais hélas, ils ne disposaient toujours pas de l’apport nécessaire…

Paule Ragon, au centre dans la salle des fêtes au dessus du café

Ils avaient pour habitude – à Roubaix, boulevard de La République – de jouer au Bridge avec leurs voisins, les Ragon, tous les mercredis. Ils mettaient dans une cagnotte le gain ainsi obtenu et s’achetaient alors en commun un billet de Loterie nationale une fois qu’ il y avait assez d’argent !

Abel Leblanc « Flockie »

Il faut dire, que ce jour-là, les nouvelles n’étaient pas réjouissantes. Notre chienne Flockie s’était fait renverser par une voiture et souffrait le martyr, la Bonne avait rendu son tablier pour suivre son amoureux (du moment !), le propriétaire venait de passer encaisser le loyer, alors vous comprendrez aisément pourquoi mon père hésita à aller ouvrir la porte… il craignait un autre soucis !

Mais il n’en fut rien. Bien au contraire. Monsieur Paul Ragon, habillé sur son 31, lui dit, mine de rien, qu’il passait par hasard, et lui demanda s’il était toujours d’accord pour participer à l’achat du billet de Loterie nationale. Mon père répondit que « oui, bien sûr, chose promise chose due », et il ouvrit son portefeuille pour en sortir quelques piécettes. Et c’est là que la magie opéra : notre Paul ouvrit le sien, comme s’il allait les ranger mais au lieu de cela, il étala sur la table… de quoi carrément acheter la maison de Loches !

Et c’est donc ainsi que fut acquise cette fameuse maison de Loches !

« Tu m’aurais dit : Bah, passons une semaine ! J’aurais accepté. Mais, en fait, le billet, je l’ai acheté et il a été gagnant ; tu as été loyal, donc à moi de l’être à mon tour ! » Et c’est ainsi qu’il donna l’argent partagé du billet gagnant, juste pile poil ce qu’il fallait pour avoir enfin notre maison, maison à laquelle mes parents ont su donner une âme, notamment par le Phonographe – nom donné à la quatrième capsule et dont le « 78 Tour » résonne encore dans notre tête !


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